Le chemin bouddhiste, une démarche scientifique, une science de l'esprit
Nadine San gérotéo – Enseignante en Sciences Physiques et Guide de méditation laïque (guidance basée sur la sécularisation de l'essence des enseignements bouddhistes – autorisation accordée par Sa Sainteté le Dalaï Lama en 2009)
Le bouddhisme propose des méthodes de transformation de l'esprit qui visent à révéler l'essence de ce que nous sommes : un être naturellement doué d'humanité et de sagesse omnisciente, dont toutes actions et activités ne sont que l'expression d'un esprit pleinement éveillé.
En quoi ces méthodes rappellent-elle la démarche scientifique?
L'investigation de l'objet considéré, ici l'esprit lui-même, l'observation objective de l'expérience intérieure, l'établissement de « lois » fondés notamment sur la répétition de résultats similaires observés lors d'expériences effectuées dans des conditions similaires, la remise en cause des idées reçues et schémas préconçus, l'écoute intuitive, la confrontation des résultats et de leur interprétation avec les textes de références, notamment avec le corpus scientifique, ..., toutes ces étapes témoignent de leurs similitudes.
Le dernier point commun évoqué ci-dessus fait d'autant plus écho lorsque nous confrontons les méthodes bouddhistes avec l'avènement de la physique quantique au siècle dernier : ces deux approches de la « réalité » s'appuient toutes deux sur une démarche de « déconstruction » des thèses métaphysiques :
la matière aux apparences solides se révèlent à l'échelle subatomique « ondulatoire » et à « répartition probabiliste », où « l'intrication quantique » implique une vue plus globale et non substantielle du monde...
par la pratique de la méditation, nos pensées, émotions, sensations et autres schémas mentaux, apparaissent dénués de solidité, comme des phénomènes impermanents, soumis à des causes et des conditions, ce qui conduit à la notion de vacuité et d'interdépendance dans le bouddhisme.
Par ailleurs, toujours dans ce contexte de confrontation des méthodes bouddhistes et des publications scientifiques, les neurosciences confirment aujourd'hui le rôle majeur de l'empathie positive dans l'équilibre émotionnel et mental chez l'Homme. Cette attitude qui consiste à considérer l'autre avec bienveillance est fondamental dans la sagesse bouddhiste, et elle est à la base du chemin dans la tradition mahayaniste.
Les scientifiques ont découvert que nous sommes dotés de neurones miroirs indispensables à notre sociabilisation ; reconnaître l'autre comme une partie de soi est aujourd'hui un fait scientifique. A l'échelle individuelle, les études témoignent des bienfaits sur la santé de l'empathie positive ; mais on peut étendre ses bienfaits à l'échelle globale de l'écosystème planétaire : une société où l'action individuelle prime sur l'action collective est vouée à disparaître.
Dans un monde interconnecté, l'urgence est à la considération et la reconnaissance de l'autre, et cette priorité implique un changement de paradigme à tous les niveaux, de l'échelle individuelle à celle des nations...
S'entraîner à la sagesse qui réalise la non existence intrinsèque de tous phénomènes et à celle du cœur qui nourrit la force de vie et la conscience globale sont les voies qui mènent au véritable bonheur pour soi et pour les autres : voici ce que nous dit la science moderne en d'autres termes, voici ce que nous dit la sagesse millénaire du Bouddha.
Nadine
Résumé de l'intervention prévue le samedi 29 octobre 2016, St Maurice, Suisse – Rencontre interreligieuse organisée par « Source d'Assise »